La productivité recule au Québec
Source : Pierre Couture, Le journal de
Québec.
Une croissance pratiquement
nulle depuis quatre ans, révèle une étude de HEC.
Le Québec doit investir
davantage en machinerie et en recherche et développement selon la dernière
étude de HEC Montréal.
Le niveau de productivité au
Québec n’a jamais été aussi préoccupant. Au cours des quatre dernières années,
la croissance de la productivité des entreprises a été pratiquement nulle,
révèle une étude de HEC Montréal.
« Non seulement on a frappé
le mur, mais on est carrément dedans », signale le chercheur et directeur du
Centre de la productivité et de la prospérité (CPP) – Fondation Walter J.
Somers de HEC Montréal, Robert Gagné.
Selon ce dernier, il est très
troublant de constater que la productivité des entreprises québécoises fait
surtout du surplace. Dans son bilan 2018, le CPP note une croissance annuelle
moyenne famélique de 0,1 % depuis quatre ans.
Résultat : non seulement les
Québécois ont fini par être rattrapés par la lente croissance de leur économie,
mais ils disposent maintenant du plus faible revenu disponible (28 455 $) par
habitant au Canada et dans les pays industrialisés.
Le chercheur de HEC Montréal
souligne qu’il y a 20 ans, le Québec se tirait beaucoup mieux d’affaire alors
que le revenu disponible moyen des Québécois se retrouvait dans la moyenne
canadienne. Ce n’est plus le cas.
Cercle vicieux
Et pour ceux qui aimeraient
relativiser la situation en évoquant un coût de la vie plus faible au Québec
par rapport à l’Ontario, par exemple, le constat reste le même.
La raison ? Les « riches »
Québécois ont tout simplement moins d’argent que leurs vis-à-vis ontariens et
non que les « pauvres » sont mieux nantis. Une majorité de ménages québécois
dispose ainsi de moins d’argent pour consommer et épargner.
On assiste donc à un cercle
vicieux où l’État québécois pour offrir des services à ses citoyens vient
chercher davantage d’argent dans les poches des travailleurs. « Notre fiscalité
est lourde parce qu’on est pauvre », signale M. Gagné.
Alors que la population du
Québec vieillit rapidement et qu’on manque cruellement de nouveaux
travailleurs, M. Gagné plaide pour des entreprises qui travaillent mieux.
Les entreprises québécoises
sont celles qui investissent le moins en recherche et développement et en
machinerie pour augmenter leurs parts de marché et leur productivité.
Main-d’œuvre
Tableaux et chiffres à
l’appui, 95 % de la croissance du niveau de vie dans les économies les plus
performantes depuis 1981 s’explique par des gains de productivité dans les
entreprises.
La qualité de la main-d’œuvre
est aussi un facteur préoccupant alors que les jeunes Québécois sont moins
nombreux à fréquenter le système d’éducation après 15 ans.
Le nombre de jeunes qui
étudient en formation professionnelle demeure très bas tout comme celui des
diplômés universitaires.
FAVORISER L’ÉDUCATION,
L’INNOVATION ET L’INVESTISSEMENT PRIVÉ
S’intéressant depuis 10 ans à
la recherche sur la productivité au Québec et dans le monde, Robert Gagné croit
que le Québec doit cibler trois piliers de l’économie pour hausser la
production et augmenter le pouvoir d’achat des Québécois, soit l’éducation,
l’innovation et l’investissement privé.
1. Éducation
« Le Québec doit améliorer la
qualité de sa main-d’œuvre. Avec une croissance d’à peine 9 % de ses dépenses
réelles en éducation au cours des 10 dernières années, le Québec n’a clairement
pas déployé l’effort financier requis pour augmenter la productivité de ses
travailleurs. En investissant judicieusement en éducation, l’État pourrait
éliminer deux entraves majeures à la productivité de la province : le
décrochage scolaire et un taux de diplomation universitaire insuffisant, qui
limitent actuellement la capacité de la province à innover. »
2. Innovation
« Le Québec doit investir
davantage en machinerie et en recherche et développement (R-D). En 2016, la
province a consacré 2171 $ par emploi à la R-D, un effort nettement moins
substantiel que celui déployé par des pays tels que la Finlande, la Suède ou le
Danemark, qui dépensent jusqu’à 90 % de plus que le Québec en R-D. Selon les
chercheurs, la faiblesse relative des dépenses privées en R-D serait le reflet
d’un problème constaté à plus grande échelle : de façon générale, les
entreprises de la province investissent peu. »
3. Investissement privé
« La faiblesse relative des
investissements en capital humain, en capital physique et en R-D a fini par se
répercuter sur la performance des entreprises québécoises. Avec un
investissement privé non résidentiel chiffré à 8212 $ par emploi en 2017, le
Québec fait plutôt piètre figure face aux 20 pays de l’OCDE avec lesquels on le
compare année après année, indique Robert Gagné. Par exemple, l’investissement
privé en Finlande y était 1,7 fois plus élevé qu’au Québec et pourtant, ce pays
était loin d’occuper la tête de ce classement. »
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