lundi 18 mars 2019

La productivité recule au Québec



La productivité recule au Québec
        
 Source : Pierre Couture, Le journal de Québec.

Une croissance pratiquement nulle depuis quatre ans, révèle une étude de HEC.

Le Québec doit investir davantage en machinerie et en recherche et développement selon la dernière étude de HEC Montréal.

Le niveau de productivité au Québec n’a jamais été aussi préoccupant. Au cours des quatre dernières années, la croissance de la productivité des entreprises a été pratiquement nulle, révèle une étude de HEC Montréal.

« Non seulement on a frappé le mur, mais on est carrément dedans », signale le chercheur et directeur du Centre de la productivité et de la prospérité (CPP) – Fondation Walter J. Somers de HEC Montréal, Robert Gagné.

Selon ce dernier, il est très troublant de constater que la productivité des entreprises québécoises fait surtout du surplace. Dans son bilan 2018, le CPP note une croissance annuelle moyenne famélique de 0,1 % depuis quatre ans.

Résultat : non seulement les Québécois ont fini par être rattrapés par la lente croissance de leur économie, mais ils disposent maintenant du plus faible revenu disponible (28 455 $) par habitant au Canada et dans les pays industrialisés.

Le chercheur de HEC Montréal souligne qu’il y a 20 ans, le Québec se tirait beaucoup mieux d’affaire alors que le revenu disponible moyen des Québécois se retrouvait dans la moyenne canadienne. Ce n’est plus le cas.

Cercle vicieux

Et pour ceux qui aimeraient relativiser la situation en évoquant un coût de la vie plus faible au Québec par rapport à l’Ontario, par exemple, le constat reste le même.

La raison ? Les « riches » Québécois ont tout simplement moins d’argent que leurs vis-à-vis ontariens et non que les « pauvres » sont mieux nantis. Une majorité de ménages québécois dispose ainsi de moins d’argent pour consommer et épargner.

On assiste donc à un cercle vicieux où l’État québécois pour offrir des services à ses citoyens vient chercher davantage d’argent dans les poches des travailleurs. « Notre fiscalité est lourde parce qu’on est pauvre », signale M. Gagné.

Alors que la population du Québec vieillit rapidement et qu’on manque cruellement de nouveaux travailleurs, M. Gagné plaide pour des entreprises qui travaillent mieux.

Les entreprises québécoises sont celles qui investissent le moins en recherche et développement et en machinerie pour augmenter leurs parts de marché et leur productivité.

Main-d’œuvre

Tableaux et chiffres à l’appui, 95 % de la croissance du niveau de vie dans les économies les plus performantes depuis 1981 s’explique par des gains de productivité dans les entreprises.

La qualité de la main-d’œuvre est aussi un facteur préoccupant alors que les jeunes Québécois sont moins nombreux à fréquenter le système d’éducation après 15 ans.

Le nombre de jeunes qui étudient en formation professionnelle demeure très bas tout comme celui des diplômés universitaires.

FAVORISER L’ÉDUCATION, L’INNOVATION ET L’INVESTISSEMENT PRIVÉ

S’intéressant depuis 10 ans à la recherche sur la productivité au Québec et dans le monde, Robert Gagné croit que le Québec doit cibler trois piliers de l’économie pour hausser la production et augmenter le pouvoir d’achat des Québécois, soit l’éducation, l’innovation et l’investissement privé.

1. Éducation

« Le Québec doit améliorer la qualité de sa main-d’œuvre. Avec une croissance d’à peine 9 % de ses dépenses réelles en éducation au cours des 10 dernières années, le Québec n’a clairement pas déployé l’effort financier requis pour augmenter la productivité de ses travailleurs. En investissant judicieusement en éducation, l’État pourrait éliminer deux entraves majeures à la productivité de la province : le décrochage scolaire et un taux de diplomation universitaire insuffisant, qui limitent actuellement la capacité de la province à innover. »

2. Innovation

« Le Québec doit investir davantage en machinerie et en recherche et développement (R-D). En 2016, la province a consacré 2171 $ par emploi à la R-D, un effort nettement moins substantiel que celui déployé par des pays tels que la Finlande, la Suède ou le Danemark, qui dépensent jusqu’à 90 % de plus que le Québec en R-D. Selon les chercheurs, la faiblesse relative des dépenses privées en R-D serait le reflet d’un problème constaté à plus grande échelle : de façon générale, les entreprises de la province investissent peu. »

3. Investissement privé

« La faiblesse relative des investissements en capital humain, en capital physique et en R-D a fini par se répercuter sur la performance des entreprises québécoises. Avec un investissement privé non résidentiel chiffré à 8212 $ par emploi en 2017, le Québec fait plutôt piètre figure face aux 20 pays de l’OCDE avec lesquels on le compare année après année, indique Robert Gagné. Par exemple, l’investissement privé en Finlande y était 1,7 fois plus élevé qu’au Québec et pourtant, ce pays était loin d’occuper la tête de ce classement. »


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