Toute la
vérité sur la pénurie de main-d’œuvre au Québec!
Source : Les
Affaires
À votre avis,
combien y a-t-il de postes à combler au Québec, en ce moment ?
Près de 120 000.
Soit le double d’il y a deux ans, selon une étude de Desjardins signée par
l’économiste principale Hélène Bégin.
C’est donc dire
combien la situation est alarmante pour les employeurs québécois…
Pour bien saisir ce qui se passe, il convient de creuser dans les données, et de s’intéresser en particulier à un indicateur, celui du taux de postes vacants.
De quoi s’agit-il ?
Du rapport, exprimé en pourcentage, entre d’une part le nombre de postes
vacantes et d’autre part le total des postes occupés et vacants.
Autrement dit, il
s’agit du pourcentage de postes vides quand on regarde l’ensemble des postes
comblés et à combler, un peu comme lorsqu’on jette un coup d’œil dans un bureau
pour noter le nombre de chaises inoccupées.
C’est ainsi qu’on
découvre que les taux de postes vacants connaissent une grande disparité au
Québec : la pire région à ce sujet est Chaudière-Appalaches, avec un taux
dépassant les 4% ; suivent, par ordre de gravité, l’Abitibi-Témiscamingue, le
Centre-du-Québec, la Capitale-Nationale et la Montérégie.
À noter que la
région qui s’en sort le mieux est la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, avec un taux
de 2%.
Sources: Statistique
Canada et Desjardins, Études économiques; 2019.
Un point important
est à relever : les difficultés d’embauche s’aggravent plus vite dans plusieurs
régions du Québec qu’ailleurs au Canada. Ainsi, 7 des 10 régions économiques où
le taux de postes vacants grimpe le plus vite au pays sont situées au Québec:
– Côte-Nord et
Nord-du Québec
– Laurentides
–
Saguenay–Lac-Saint-Jean
– Caribou
(Colombie-Britannique)
– Lanaudière
– Bas-Saint-Laurent
– Montérégie
–
Chaudière-Appalaches
– Campbellton
(Nouveau-Brunswick)
– Moncton
(Nouveau-Brunswick)
Maintenant, quelles
sont les industries les plus touchées ? Là encore, il faut considérer le taux
de postes vacants pour s’en faire une juste idée.
Les trois
industries où les besoins en main-d’œuvre sont les plus criants au Québec sont
alors :
– Hébergement et
restauration (4,7%)
– Mines, pétrole et
gaz (4,2%)
– Fabrication (4%)
Suivent, entre
autres, le secteur des services professionnels ainsi que celui du transport et
de l’entreposage.
Quant au secteur où
le taux de postes vacants est le moins élevé, c’est celui de l’enseignement,
qui dépasse à peine 1%.
La question saute
aussitôt aux yeux : «Mais quel type de travailleur les employeurs québécois
cherchent-ils tant ?»
À laquelle
s’ajoutent, de toute évidence : «A-t-il un profil particulier ? Et si oui,
lequel?»
Or, l’étude de
Desjardins montre que:
– 35% des postes
vacants ne requièrent aucune scolarité minimale;
– 23% des postes
vacants requièrent simplement un diplôme d’études secondaires, ou un diplôme
équivalent.
Par conséquent,
près de 60% des postes vacants concernent des travailleurs n’ayant qu’un faible
niveau de scolarité et peu d’expérience professionnelle.
Quant aux postes
vacants nécessitant un diplôme universitaire, ils ne représentent qu’une part
de 15%.
C’est clair, les
employeurs québécois sont avant tout à la recherche de bras, et non pas de
cerveaux.
Ce qui va, soit dit
en passant, à contre-courant des politiques provinciale et fédérale en matière
d’immigration, les immigrants diplômés étant systématiquement privilégiés
depuis des décennies.
Enfin, un dernier
point, et non des moindres : l’origine de la pénurie actuelle de main-d’œuvre
au Québec. Quelle est-elle ?
«La croissance
économique de près de 3% en 2017 au Québec a entraîné une forte création
d’emplois, ce qui a épuré le bassin de main-d’œuvre disponible pour l’embauche,
et ce qui a, par voie de conséquence, multiplié le nombre de postes vacants,
note Mme Bégin. À cela s’ajoute le fait que la population des 15-64 ans – le
bassin de main-d’œuvre disponible – a tendance à fléchir depuis 2011, un
phénomène propre au Québec qui a pour effet d’accentuer les problèmes de
recrutement.»
Bref, le portrait
du marché du travail a changé drastiquement en l’espace de quelques années au
Québec. Le taux de chômage, qui a atteint 5,5% l’an dernier, est le plus bas
depuis les années 1960. Et cela a vidé la main-d’œuvre disponible, d’un coup
d’un seul.
Résultat ?
Les employeurs
québécois doivent s’attendre à vivre la pénurie pendant encore de longues
années : «Une détérioration importante de la conjoncture économique pourrait
renverser la tendance : une remontée du taux de chômage réduirait le taux de
postes vacants, et rendrait l’embauche moins problématique pour les
entreprises», estime l’économiste principale de Desjardins.
Il nous faudrait
donc entrer en récession pendant un certain temps pour que la donne change sur
le marché du travail.
«Toutefois, un tel
scénario n’est pas à prévoir à court terme», souligne Mme Bégin. D’où la
nécessité pour les employeurs de s’adapter au plus vite à la pénurie – changer
de stratégie de recrutement, changer de vision à propos de l’immigration,
changer de méthode de fidélisation des employés, etc. –, et donc d’arrêter de
faire le dos en matière de recrutement en se disant que la tempête finira bien
par passer. Sans quoi, il leur faudra se résoudre sous peu à mettre la clé sous
la porte. Ni plus ni moins.
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