LES ORGANISATIONS QUÉBÉCOISES EN DÉFICIT DE QI
Source :
JEAN-PHILIPPE DÉCARIE, LA PRESSE
Depuis au moins
quatre ans, il est beaucoup question de pénurie de main-d’œuvre et cet enjeu
crucial va demeurer une préoccupation majeure, tellement il se pose en frein au
développement et à la croissance de nombreuses entreprises québécoises.
Une partie du
problème pourrait toutefois se régler d’elle-même si les organisations
s’occupaient mieux de leurs effectifs existants.
Une quantité
grandissante d’entreprises investissent énormément de leur énergie et de leur
argent pour tenter de combler leurs besoins de main-d’œuvre. Dans certains cas,
c’est leur propre survie qui est en jeu.
Elles participent à
des campagnes de recrutement à l’étranger, elles multiplient les initiatives
pour mieux se faire connaître, elles réduisent leur nombre d’échelons salariaux
ou offrent des bonifications de toutes sortes pour attirer de nouveaux
travailleurs.
On le sait, cette
réalité n’est pas près de s’estomper au Québec en raison de notre fort déficit
démographique, et c’est pourquoi il importe que les entreprises arrivent au
moins à tirer le plein potentiel de leur main-d’œuvre existante.
Ce qui n’est
visiblement pas le cas, selon une recherche que vient de réaliser la
firme-conseil Coefficience qui, de concert avec la maison de sondage SOM, vient
de mettre sur pied un indice pour mesurer le quotient d’implication (QI)
organisationnel des entreprises.
Sous la supervision
de la spécialiste en sondages June Marchand, de l’Université Laval, le
consultant en communication managériale Yves Chapleau a cherché à déterminer
l’implication des travailleurs face à leur organisation selon trois critères
spécifiques.
De façon verticale
en évaluant leur implication face à leur encadrement dans l’entreprise, de
façon horizontale en mesurant leur implication face à leurs collègues et aux
différents services de l’entreprise et, enfin, de façon externe en déterminant
leur implication face aux attentes de la clientèle.
Le sondage a été
conçu et réalisé par la firme SOM auprès de 1021 travailleurs issus de la
petite, moyenne et grande entreprise ainsi que du secteur public.
« On constate
de façon générale que les organisations québécoises ne tirent pas le plein
potentiel de leur main-d’œuvre.
Le QI organisationnel n’est que de 52
sur une échelle de 100. »
« On a observé que les employés sont
davantage impliqués lorsqu’il est question de bien servir leur clientèle, avec
un QI de 58, soit plus que ne l’est leur implication par rapport à leur
organisation, qui obtient un score de 54 », observe M. Chapleau.
L’étude nous
apprend également que c’est au chapitre des relations à l’intérieur de
l’entreprise que l’implication des employés est la plus faible. Sur une échelle
de 100, la collaboration intra équipe obtient un quotient d’implication de
seulement 50 et lorsqu’on évalue l’engagement inter-équipes d’une même
entreprise, le QI tombe à un très faible résultat de 38.
Selon Yves
Chapleau, les organisations québécoises travaillent encore beaucoup trop en
silo, ce qui empêche la bonne circulation de l’information et peut même générer
des tensions au sein des entreprises.
Et même à
l’intérieur des silos, beaucoup d’employés travaillent en solo sans trop se
soucier des attentes de leurs collègues.
UN INDICE DE RÉFÉRENCE
Cette première
étude sur le quotient d’implication des organisations démontre l’importance
pour les entreprises de mieux valoriser les emplois, selon ses auteurs.
« La pénurie
de main-d’œuvre, c’est un phénomène qui va durer. En augmentant l’implication
des employés, une entreprise améliore son pouvoir de rétention. Des employés
impliqués, ce sont aussi des employés beaucoup plus productifs », souligne
Yves Chapleau.
Il faut, selon lui,
développer l’intelligence collective des entreprises. Il cite les recherches du
Center for Collective Intelligence du Massachusetts Institute of Technology qui
ont démontré que les entreprises qui ont un quotient d’implication organisationnel
fort affichent un niveau d’exécution stratégique supérieur à la moyenne.
Julie Fortin,
coprésidente de SOM, estime pour sa part que l’étude révèle que les
organisations québécoises doivent mieux communiquer leurs objectifs, mieux
expliquer leur alignement stratégique, elles doivent être plus collaboratives.
« Avec cette
première étude, on vient de créer un indice de référence avec lequel les
entreprises pourront se comparer et s’évaluer. Il n’y a pas de quotient
d’implication idéal, mais notre outil permet d’identifier ce qu’il faut
améliorer.
« C’est un
point de départ qui nous a appris que les gens se parlent peut-être dans leur
entreprise, mais qu’ils souffrent aussi d’un grand manque d’écoute »,
observe Julie Fortin.
À cet égard, le
fait que les employés affichent une plus grande implication envers la clientèle
que celle qu’ils cultivent pour leur propre entreprise m’apparaît quand même
symptomatique.
Ils sont plus
motivés à bien répondre aux attentes de la clientèle qu’à participer à la
réalisation des objectifs de leur entreprise. Une situation que l’on observe de
façon courante dans le secteur de la santé où les employés techniciens,
infirmières et préposés ont bien plus à cœur le sort de leurs patients que
celui de leur organisation.
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