Économie mondiale
Signes avant-coureurs de récession
Source : Le Devoir
L’économie mondiale ralentit
plus rapidement qu’on l’entrevoyait encore cet automne, met en garde le Fonds
monétaire international (FMI), et tout cela cache des risques bien plus grands
encore.
Le temps est plus que jamais
venu pour les gouvernements de mettre leur maison en ordre et de se remettre à
travailler ensemble.
Le FMI a de nouveau révisé à
la baisse ses perspectives de croissance pour l’économie mondiale lundi.
« Bien que la croissance
mondiale en 2018 soit restée proche des sommets atteints après la crise,
l’expansion s’affaiblit, et à un rythme un peu plus rapide que prévu », a
expliqué sa nouvelle économiste en chef, Gita Gopinath, au moment de dévoiler
la mise à jour de prévisions qui remontaient au mois d’octobre.
« Ces révisions sont certes
modestes », a-t-elle observé à Davos, dans les Alpes suisses, à la veille de la
tenue du Forum économique mondial.
« Cela ne signifie pas que
nous soyons au bord d’une grande récession, mais il convient de dresser un état
des liens des nombreux risques grandissants. »
De 3,7 % pour l’an dernier,
les prévisions de croissance de l’économie mondiale du FMI s’élèvent désormais
à 3,5 %, pour cette année, et à 3,6 % en 2020, soit 0,2 point de pourcentage
(pp) de moins que dans les prévisions d’octobre pour cette année et 0,1 pp de
moins pour l’année prochaine, et alors que des baisses de 0,2 pp avaient déjà
été appliquées cet automne aux prévisions précédentes du mois de juillet, à la
fois pour 2018 et 2019.
Légèrement révisées à la
baisse en octobre, les prévisions pour les deux plus grandes économies de la
planète, américaine et chinoise, sont restées inchangées cette fois-ci.
Principal moteur économique
pour les pays développés (où l’expansion moyenne attendue est de 2 % en 2019 et
1,7 % en 2020), les États-Unis devraient continuer de ralentir à mesure que
s’atténue l’effet des baisses d’impôt et de l’augmentation des dépenses du
gouvernement Trump, à raison d’un taux d’expansion de 2,9 % l’an dernier, de 2,5
% cette année et de 1,7 %, l’an prochain.
Championne des pays en
développement (4,5 % en 2019 et 4,9 % en 2020), l’économie chinoise sera, quant
à elle, plombée par les tarifs douaniers américains et le resserrement de sa
réglementation financière, et verra sa croissance poursuivre son
ralentissement, cette fois de 6,6 %, l’an dernier, à 6,2 % en 2019 et 2020.
1,9%
Le Canada doit s’attendre à
un taux de croissance annuel de 1,9% en 2019 et en 2020, par rapport à 2,1%
l’an dernier.
Confronté notamment à la chute
des prix du pétrole, le Canada voit ses perspectives légèrement révisées à la
baisse pour cette année (- 0,1 pp) et doit s’attendre désormais à voir sa
croissance passer de 2,1 % l’an dernier, à 1,9 % en 2019 et en 2020.
La Banque du Canada s’était
montrée, il y a deux semaines, moins optimiste pour cette année (1,7 %), mais
comptait sur un petit rebond l’année prochaine (2,1 %).
Le Canada s’en tirerait mieux
que les pays de la zone euro, où le FMI n’attend pas mieux qu’une croissance de
1,6 % cette année (- 0,3 pp) et de 1,7 % l’année prochaine, à cause notamment
des difficultés de l’Allemagne (-0,6 pp à 1,3 % en 2019) et de l’Italie (-0,4
pp en 2019).
Zones d’ombre
Ce portrait de l’économie
mondiale comporte de nombreuses et préoccupantes zones d’ombre, prévient le
FMI, à commencer par les risques d’escalade des guerres commerciales
déclenchées par les États-Unis, notamment contre la Chine, ainsi que le
resserrement des conditions de crédit par les banques centrales.
Si Gita Gopinath dit avoir
bon espoir que ces dernières sauront ajuster le rythme du relèvement de leurs
taux d’intérêt afin de tenir compte du contexte économique, elle note qu’une «
intensification de l’incertitude autour du commerce international briderait
davantage l’investissement et perturberait les chaînes d’approvisionnement
mondiales ».
Mais ce n’est pas tout.
Deux semaines après le rejet
par le Parlement britannique de l’entente conclue entre le Royaume-Uni et
l’Union européenne au terme de deux ans de négociation, et à deux mois de la
date prévue de leur divorce, le FMI continue de compter sur un Brexit négocié
et n’ose pas imaginer les conséquences du contraire.
« Il est impératif que les
dirigeants politiques mettent rapidement un terme à cette incertitude », a dit
Gita Gopinath. L’impasse entre le président américain et le Congrès qui a mené
à la fermeture partielle du gouvernement fédéral (shutdown), tout comme la
crise des « gilets jaunes », en France, auront aussi un impact.
Travailler de concert
Dans ce contexte périlleux,
le monde a besoin que chaque pays s’assure d’avoir l’économie la plus juste et
inclusive possible pour en tirer le maximum à long terme, a déclaré la
directrice générale du FMI, Christine Lagarde.
Il a aussi besoin que les
gouvernements veillent à avoir les finances publiques les plus saines possible
afin d’être mieux armés lorsque surviendra la prochaine récession.
Il a enfin besoin que les
pays, au lieu de faire cavalier seul, coopèrent de manière « juste, flexible et
efficace » pour s’attaquer à leurs « problèmes communs », comme l’amélioration
du commerce mondial, l’évasion fiscale et les changements climatiques.
« Nous avons besoin d’un
nouveau multilatéralisme », a-t-elle conclu.
Les Nations unies ont dévoilé
lundi, à New York, leurs propres prévisions économiques, dont les tendances
rapportées et les conclusions ressemblent beaucoup à celles du FMI.
Insistant particulièrement
sur le besoin d’atténuer les tensions commerciales, de réduire l’endettement,
de mieux partager la richesse et de lutter contre les changements climatiques,
on y déplorait aussi : « Le multilatéralisme est menacé alors même que la
coopération et la gouvernance internationales importent plus que jamais. »
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