lundi 17 septembre 2018

Allons-nous tout droit vers une nouvelle crise financière ?



Allons-nous tout droit vers une nouvelle crise financière ?

Source : Pascal de Lima, Chef économiste, Harwell Management

Dix ans après la faillite de Lehman Brothers émerge la question cruciale :

La crise financière de 2008-2010 peut-elle se reproduire ?

Examinons l’histoire de cette crise économique et effectuons quelques rapprochements,

Quelques faits importants au sujet de la crise financière de 2008-2010;

·       Entre 2001 et 2006 le monde a connu la bulle Internet, les attentats du 11 septembre 2001 et la Guerre en Irak.

Dans une espèce de goulot d’étranglement, les salaires ralentirent un peu partout amorçant ainsi une crise économique sans précédent entre 2001 et 2003.

La propulsion partira des États-Unis avec des conséquences économiques mitigées sur la France. La Banque centrale, la Fed, décide alors de baisser considérablement ses taux directeurs de 7% à 1%.

Évidemment, la conséquence immédiate fut l’abondance de liquidité, un très faible coût de l’argent et des conditions de crédit très souples par conséquent.

Ce n’est pas sans rappeler la situation d’aujourd’hui : les ménages s’endettent à la consommation et à l’immobilier.

La consommation repart, les résultats des entreprises aussi, il y a création d’emplois et augmentation de la valeur des biens immobiliers.

En parallèle à cela tout un arsenal d’ingénierie financière créer l’artillerie lourde : les produits dérivés.

Dans les coulisses, on commence à chuchoter un peu partout qu’il faudra prévenir un peu le risque de défaut des ménages on a peur que la conjoncture se retourne !


·       Entre 2006 et 2007 la machine a commencé à connaitre des ratés.

Les ménages sont très endettés découvre-t-on, et le déficit américain est abyssal.

L’économie s’accélère, tout s’emballe et l’économie américaine est en état de surchauffe.

Il faut alors freiner tout cela. La Banque centrale décide une hausse des taux d’intérêt.

Logique, de 1% en 2005 à 3,75% en 2007. Sauf que l’on avait oublié les 3 millions de ménages qui vont bientôt se retrouver sur le carreau et qui avaient emprunté à taux variable.

Vous avez une mensualité d'intérêt de 1000$, elle passe à 3750$, seulement cela !

Les crédits étant octroyés principalement à taux variable, les ménages dans la catégorie subprime commencent à faire défaut.

On assiste à la fois à une hausse des saisies immobilières ainsi qu’à une raréfaction du crédit.

La valeur de l’immobilier chute, il y a crise de liquidité avec effondrement de la valeur des produits dérivés. Et il y a plus encore ?

Il y a aussi ce que l’on appelle l’effet papillon ou domino.

·       Entre 2008 et2010 c’est l’extension de la crise.

Comme les banques ne se prêtent plus d’argent entre elles, faute de confiance, le refinancement devient de plus en plus rare et l’on assiste à une dépréciation des actifs et du patrimoine (du moins pendant une courte période).

Cela suffira à faire dégénérer le système en crise bancaire avec aux États-Unis un nombre de faillites particulièrement retentissant.

La crise d’abord immobilière s’étend à la sphère financière avec la chute des valeurs de bourse.

Les États tentent alors d’éteindre l’incendie mais malheureusement, la crise de confiance des marchés interbancaires provoque la crise de confiance des ménages surendettés.

Panique à bord, le bateau vacille, pique du nez puis coule. On assiste à une chute de la consommation, une destruction d’emplois.

Par là même, les entreprises se retrouvent en difficulté et aux faillites bancaires se succèdent les faillites d’entreprises, c’est la récession, pire la dépression.

Voilà comment au moment de la faillite de Lehman Brothers, la crise financière s’est transmise à travers le monde au complet.

Question : allons-nous tout droit vers une nouvelle crise financière ?

Quelles sont les scénarios possibles dans un proche avenir !

Car le rapprochement est véritablement tentant et saisissant : Il n’est pas sans rappeler que la période;

·       2012-2015, c’est-à-dire 4 ans au lieu de 6 (2001-2006), ressemble étonnamment à la période de genèse de la crise financière « Lehmann Brothers » !

Les pays commencent tout doucement à se relever des récessions. Pas vraiment d’embellie ni de surchauffe mais une reprise en douceur mais assez solide a priori.

·       2001-2006, l’explosion des start-up et l’Ère du numérique associées aux attentats en France, en Turquie, en Russie, avec la Guerre en Syrie et enfin la stagnation des salaires dans l’Ère de l’ultra-compétitivité, de l’austérité et de l’automatisation, s’amorce une première crise de croissance principalement dans les pays émergents : Chine, Brésil, Russie…

Les signaux de cette genèse sont assez forts : taux faibles des banques centrales et abondance de la liquidité, conditions de crédit très favorables, mais une particularité de cette période est l’immensité des impacts puisque la plupart des économies est engluée dans une croissance lente sur fonds de technologies de propulsion rapide sur les marchés…et malgré quelques signaux positifs ici et là, depuis la fin 2016 et le début de l’année 2017, deux puissants murs se dressent devant l’Occident :

Le mur de l’économie réelle tout d’abord : La Chine, moteur de l’activité économique mondiale, connaît un fort ralentissement.

La chine, qui a vécu son épopée de son rattrapage économique a longtemps connu un contexte économique favorable qui n’existe plus maintenant.

On réalise qu’elle est considérablement endettée et qu’elle manipule la statistique.

La statistique est une nouvelle fois défiée. On dresse le mur du protectionnisme pour protéger nos acquis sociaux par rapport à une Chine qui nous intéresse de moins en moins.

Le mur de l’argent ensuite, si le mur de l’économie réelle va apparaître au grand jour c’est le mur de l’argent qui va lui servir de courroie de transmission.

Pas encore de taxe Tobin, pas vraiment de séparation des activités entre banques d’investissement et banques de détail.

Rappelons-nous que la crise financière américaine s’est étendue en Europe par le truchement de la banque d’investissement.

Tout cela pourtant en dépit d’une volonté politique réelle (nouvelles charges en capital, le Dodd Frank Act américain de 2010, le projet d’Union bancaire européen de 2012, le rapport Volker américain, le rapport de la commission Vickers en Grande Bretagne, le rapport de la commission Liikanen pour la Commission européenne…).

Le trading à haute fréquence s’intensifie, les marchés boursiers montrent de nombreux signes de faiblesse, nous sommes donc assis sur un baril de poudre et trois événements déclencheurs pourraient inquiéter si l’on ne fait rien :

·       la hausse des taux de la F.E.D. qui nous rappelle de bons souvenirs
·       une crise obligataire, et les technologies de propulsion du risque domino

…La machine commence donc à se gripper fin 2015 début 2016 et jusqu’en 2017. 

·       Nous avons connu deux années de grippage du système économique mondial, en 2016 et 2017 : Le constat connu est apparu comme une surprise, les ménages tout comme les États sont surendettés !

Les déficits commerciaux ne se résorbent plus, on pense de plus en plus au protectionnisme. Et la F.E.D. ??

·       La FED décide donc d’une hausse des taux fin 2015.

·       Les défauts augmentent au courant de l’année 2016 et la crise de la dette publique émerge et devient une crise de la dette privée.

·       Les marchés obligataires commencent à trembler.

·       Des bulles diverses de part et d’autre du globe et des tensions immobilières commencent à se forment sous forme de bulles à travers le monde

·       Le mur de l’économie réelle et le mur de l’argent avancent et se rapprochent.

·       On constate qu’ils s’érigent rapidement et plus hauts que prévu. La liquidité va devenir plus rare dans un contexte global de ralentissement des économies émergentes et de faibles reprises des pays développés.

On constatera que le montant des dérivés reste énorme et que les leçons que nous devions tirer de la crise « De l’effondrement de la Banque Lehman » n’ont pas été appliqués.

Avec les technologies de propulsion, le risque d’effet domino peut être interprété comme imminent.

·       La contagion ou l’extension de la crise en 2018 et 2019 interviendra par un krach obligataire.

·       Comme en 1994 aux États-Unis, après une faible hausse des taux de 3 à 3,5% une panique obligataire avait créé l’effondrement des bourses mondiales.

Ici, c’est le krach obligataire qui créera de la défiance dans le système interbancaire d’abord puis dans l’économie réelle ensuite, après une nouvelle hausse des taux.

De nombreux actifs vont être dépréciés et l’on va commencer à assister à des faillites retentissantes à l’échelle monde et non plus uniquement aux États-Unis.

La crise dans les valeurs technologiques commencera de nouveau comme en 2001, avec l’élimination du marché de la moitié d’entre elles.

On essaiera d’intervenir encore et toujours, le renflouement interne de l’Union bancaire ou d’autres fonds de résolution limitera les impacts directs sur les ménages, mais ce sont les investisseurs et l’obligataire qui seront destitués de la confiance et entraineront dans leur chute l’ensemble des économies qui peinaient à se relever.

Nul ne connaît encore l’ampleur de la prochaine récession que l’on voit déjà poindre à l’horizon, cependant il reste quand même une lueur d’espoir ?

Que le cauchemar financier soit important ou non pourrait n’être après tout qu’un conte fantastique, malheureusement seule l’histoire nous le dira...


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