Allons-nous tout droit vers une nouvelle crise
financière ?
Source : Pascal de Lima,
Chef économiste, Harwell Management
Dix ans après la faillite de
Lehman Brothers émerge la question cruciale :
La crise financière de
2008-2010 peut-elle se reproduire ?
Examinons l’histoire de cette
crise économique et effectuons quelques rapprochements,
Quelques faits importants
au sujet de la crise financière de 2008-2010;
· Entre 2001 et 2006 le monde a connu la bulle Internet,
les attentats du 11 septembre 2001 et la Guerre en Irak.
Dans une espèce de goulot
d’étranglement, les salaires ralentirent un peu partout amorçant ainsi une
crise économique sans précédent entre 2001 et 2003.
La propulsion partira des
États-Unis avec des conséquences économiques mitigées sur la France. La Banque
centrale, la Fed, décide alors de baisser considérablement ses taux directeurs
de 7% à 1%.
Évidemment, la conséquence
immédiate fut l’abondance de liquidité, un très faible coût de l’argent et des
conditions de crédit très souples par conséquent.
Ce n’est pas sans rappeler la
situation d’aujourd’hui : les ménages s’endettent à la consommation et à
l’immobilier.
La consommation repart, les
résultats des entreprises aussi, il y a création d’emplois et augmentation de
la valeur des biens immobiliers.
En parallèle à cela tout un
arsenal d’ingénierie financière créer l’artillerie lourde : les produits
dérivés.
Dans les coulisses, on
commence à chuchoter un peu partout qu’il faudra prévenir un peu le risque de
défaut des ménages on a peur que la conjoncture se retourne !
· Entre 2006 et 2007 la machine a commencé à connaitre
des ratés.
Les ménages sont très
endettés découvre-t-on, et le déficit américain est abyssal.
L’économie s’accélère, tout
s’emballe et l’économie américaine est en état de surchauffe.
Il faut alors freiner tout
cela. La Banque centrale décide une hausse des taux d’intérêt.
Logique, de 1% en 2005 à
3,75% en 2007. Sauf que l’on avait oublié les 3 millions de ménages qui vont
bientôt se retrouver sur le carreau et qui avaient emprunté à taux variable.
Vous avez une mensualité
d'intérêt de 1000$, elle passe à 3750$, seulement cela !
Les crédits étant octroyés
principalement à taux variable, les ménages dans la catégorie subprime
commencent à faire défaut.
On assiste à la fois à une
hausse des saisies immobilières ainsi qu’à une raréfaction du crédit.
La valeur de l’immobilier
chute, il y a crise de liquidité avec effondrement de la valeur des produits
dérivés. Et il y a plus encore ?
Il y a aussi ce que l’on
appelle l’effet papillon ou domino.
· Entre 2008 et2010 c’est l’extension de la crise.
Comme les banques ne se
prêtent plus d’argent entre elles, faute de confiance, le refinancement devient
de plus en plus rare et l’on assiste à une dépréciation des actifs et du
patrimoine (du moins pendant une courte période).
Cela suffira à faire
dégénérer le système en crise bancaire avec aux États-Unis un nombre de
faillites particulièrement retentissant.
La crise d’abord immobilière
s’étend à la sphère financière avec la chute des valeurs de bourse.
Les États tentent alors
d’éteindre l’incendie mais malheureusement, la crise de confiance des marchés
interbancaires provoque la crise de confiance des ménages surendettés.
Panique à bord, le bateau
vacille, pique du nez puis coule. On assiste à une chute de la consommation,
une destruction d’emplois.
Par là même, les entreprises
se retrouvent en difficulté et aux faillites bancaires se succèdent les
faillites d’entreprises, c’est la récession, pire la dépression.
Voilà comment au moment de la
faillite de Lehman Brothers, la crise financière s’est transmise à travers le
monde au complet.
Question : allons-nous tout
droit vers une nouvelle crise financière ?
Quelles sont les scénarios possibles dans un proche
avenir !
Car le rapprochement est
véritablement tentant et saisissant : Il n’est pas sans rappeler que la période;
· 2012-2015, c’est-à-dire 4 ans au lieu de 6
(2001-2006), ressemble étonnamment à la période de genèse de la crise
financière « Lehmann Brothers » !
Les pays commencent tout
doucement à se relever des récessions. Pas vraiment d’embellie ni de surchauffe
mais une reprise en douceur mais assez solide a priori.
· 2001-2006, l’explosion des start-up et l’Ère du
numérique associées aux attentats en France, en Turquie, en Russie, avec la Guerre
en Syrie et enfin la stagnation des salaires dans l’Ère de l’ultra-compétitivité,
de l’austérité et de l’automatisation, s’amorce une première crise de
croissance principalement dans les pays émergents : Chine, Brésil, Russie…
Les signaux de cette genèse
sont assez forts : taux faibles des banques centrales et abondance de la
liquidité, conditions de crédit très favorables, mais une particularité de
cette période est l’immensité des impacts puisque la plupart des économies est
engluée dans une croissance lente sur fonds de technologies de propulsion
rapide sur les marchés…et malgré quelques signaux positifs ici et là, depuis la
fin 2016 et le début de l’année 2017, deux puissants murs se dressent devant
l’Occident :
Le mur de l’économie
réelle tout d’abord : La Chine,
moteur de l’activité économique mondiale, connaît un fort ralentissement.
La chine, qui a vécu son
épopée de son rattrapage économique a longtemps connu un contexte économique
favorable qui n’existe plus maintenant.
On réalise qu’elle est
considérablement endettée et qu’elle manipule la statistique.
La statistique est une
nouvelle fois défiée. On dresse le mur du protectionnisme pour protéger nos
acquis sociaux par rapport à une Chine qui nous intéresse de moins en moins.
Le mur de l’argent ensuite, si le mur de l’économie réelle va apparaître au
grand jour c’est le mur de l’argent qui va lui servir de courroie de
transmission.
Pas encore de taxe Tobin, pas
vraiment de séparation des activités entre banques d’investissement et banques
de détail.
Rappelons-nous que la crise
financière américaine s’est étendue en Europe par le truchement de la banque
d’investissement.
Tout cela pourtant en dépit d’une
volonté politique réelle (nouvelles charges en capital, le Dodd Frank Act
américain de 2010, le projet d’Union bancaire européen de 2012, le rapport
Volker américain, le rapport de la commission Vickers en Grande Bretagne, le
rapport de la commission Liikanen pour la Commission européenne…).
Le trading à haute fréquence
s’intensifie, les marchés boursiers montrent de nombreux signes de faiblesse,
nous sommes donc assis sur un baril de poudre et trois événements déclencheurs
pourraient inquiéter si l’on ne fait rien :
· la hausse des taux de la F.E.D. qui nous rappelle de
bons souvenirs
· une crise obligataire, et les technologies de
propulsion du risque domino
…La
machine commence donc à se gripper fin 2015 début 2016 et jusqu’en 2017.
· Nous avons connu deux années de grippage du système
économique mondial, en 2016 et 2017 : Le constat connu est apparu comme une
surprise, les ménages tout comme les États sont surendettés !
Les déficits commerciaux ne
se résorbent plus, on pense de plus en plus au protectionnisme. Et la F.E.D. ??
· La FED décide donc d’une hausse des taux fin 2015.
· Les défauts augmentent au courant de l’année 2016 et la
crise de la dette publique émerge et devient une crise de la dette privée.
· Les marchés obligataires commencent à trembler.
· Des bulles diverses de part et d’autre du globe et des
tensions immobilières commencent à se forment sous forme de bulles à travers le
monde
· Le mur de l’économie réelle et le mur de l’argent
avancent et se rapprochent.
· On constate qu’ils s’érigent rapidement et plus hauts
que prévu. La liquidité va devenir plus rare dans un contexte global de
ralentissement des économies émergentes et de faibles reprises des pays
développés.
On constatera que le montant
des dérivés reste énorme et que les leçons que nous devions tirer de la crise «
De l’effondrement de la Banque Lehman » n’ont pas été appliqués.
Avec les technologies de
propulsion, le risque d’effet domino peut être interprété comme imminent.
· La contagion ou l’extension de la crise en 2018 et
2019 interviendra par un krach obligataire.
· Comme en 1994 aux États-Unis, après une faible hausse
des taux de 3 à 3,5% une panique obligataire avait créé l’effondrement des
bourses mondiales.
Ici, c’est le krach
obligataire qui créera de la défiance dans le système interbancaire d’abord
puis dans l’économie réelle ensuite, après une nouvelle hausse des taux.
De nombreux actifs vont être
dépréciés et l’on va commencer à assister à des faillites retentissantes à
l’échelle monde et non plus uniquement aux États-Unis.
La crise dans les valeurs
technologiques commencera de nouveau comme en 2001, avec l’élimination du
marché de la moitié d’entre elles.
On essaiera d’intervenir
encore et toujours, le renflouement interne de l’Union bancaire ou d’autres
fonds de résolution limitera les impacts directs sur les ménages, mais ce sont
les investisseurs et l’obligataire qui seront destitués de la confiance et
entraineront dans leur chute l’ensemble des économies qui peinaient à se
relever.
Nul ne connaît encore l’ampleur
de la prochaine récession que l’on voit déjà poindre à l’horizon, cependant il reste
quand même une lueur d’espoir ?
Que le cauchemar financier soit
important ou non pourrait n’être après tout qu’un conte fantastique, malheureusement
seule l’histoire nous le dira...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Merci de contribuer à ce Blog professionnel
Thank you for contribution to thaïs Professional Blog.