La Russie, future "CASH MACHINE" du groupe
Renault
Source : Florence
Lagarde, Auto Actu
La Russie qui a pesé ces
dernières années sur les comptes du groupe Renault se transforme en success
story.
Renault y ambitionne
d’atteindre 30% de part de marché avec une rentabilité nettement au-dessus de
la moyenne du groupe.
Lors de la présentation du
plan moyen terme du groupe Renault, Carlos Ghosn avait dit aux analystes que la
Russie serait une "cash machine".
De fait, si l’on ne connaît
pas la rentabilité de la partie Renault au sein du groupe, le redressement
spectaculaire de la rentabilité d’Avtovaz, sa filiale russe, donne une idée du
potentiel du marché.
Déficitaire jusqu’en 2016 (et
même lourdement), Avtovaz a dégagé une marge opérationnelle positive en 2017,
en avance d’un an par rapport à son plan moyen terme.
Elle a été de 0,7% (à 1,6
milliard de roubles pour un chiffre d’affaires à 226 milliards de roubles)
contre -8,8% en 2016.
L’amélioration en 2018 se
poursuit au même rythme avec 5,4% (7,2 milliards de roubles) au premier
semestre.
Là encore en avance sur le
plan moyen terme qui vise une marge opérationnelle supérieure à 5% à partir de
2021, et "une rentabilité supérieure à la moyenne du groupe" d’ici
2026, selon les documents du constructeur.
La partie Renault qui
fabrique dans une usine à Moscou Kaptur et Duster, et bientôt son nouveau SUV
l'Arkana, vise elle une marge opérationnelle "à deux chiffres".
Un taux de localisation qui
protège des fluctuations des monnaies
Comment s’explique un rebond si rapide de la
rentabilité d'Avtovaz ?
"Nous avons travaillé
les coûts, mis des moteurs Lada partout où c’était possible, travaillé l’image
de la marque, revalorisé les prix de vente, développé des versions SW et
Cross", résume Nicolas Maure, actuel directeur des opérations en Eurasie
(*) du groupe Renault (depuis mai dernier) auparavant président et DG d’Avtovaz
(entre avril 2016 et mai 2018).
Le haut niveau de
localisation des fabrications Lada permet de réduire l’exposition au risque de
change (depuis le 1er janvier l’euro/rouble s’est apprécié de 15%) avec des
taux variant selon les modèles de 90% (pour Granta) à 60% (pour XRay).
Ainsi, l’ensemble de la gamme
Lada atteint un taux de localisation de 86%.
C’est nettement supérieur à
ce que font Renault (66%) et Nissan puisque l’ensemble des marques de
l’Alliance (Lada compris) se situe à 75% avec un objectif à 80%.
Le constructeur s’est
également attaché à privilégier les équipementiers russes avec pour les
fournisseurs locaux un équilibre 50/50 entre les grands équipementiers mondiaux
et les entreprises locales.
Une ligne de produits rénovée
Lada a également renouvelé sa
ligne de produit avec le remplacement des Kalina et Priora par les Granta
(modèles d’entrée de gamme) et Vesta (segment B/C) et le lancement d’un SUV, le
XRay (B/C).
La marque commercialise
également la Largus (déclinée de la Logan MCV) en 5 ou 7 places classique ou
Cross et en version Fourgon. Existe toujours au catalogue le fameux 4x4 Lada
(ex-Niva, nom qu’Avtovaz a cédé à GM en 2002 et qu'il ne peut plus exploiter),
modèle encore resté inchangé.
Ceux qui en apprécient le
design un peu cubique (comme c’est mon cas), seront déçus du concept 4x4
dévoilé au salon de Moscou qui s’est fortement éloigné du modèle original.
Au salon de Moscou, Lada
présentait aussi une nouvelle Granta (un facelift) avec un éventail de 5
versions différentes :
· Sedan
· Liftback
· Hatchback
· Wagon
· et Cross.
La
Vesta compte elle aussi 5 versions :
· Sedan
· SW
· SW Cross
· Cross
· et Sport.
Une remontée des prix
Ce renouvellement produit a
permis un repositionnement prix qui a reconstitué les marges.
Une hausse de prix que le
magazine russe Za Roulem estime excessive face aux concurrentes coréennes de
Hyundai et Kia. "A prestations équivalentes, nous positionnons Lada 10% en
dessous de Hyundai et Kia", nous a dit Nicolas Maure.
La Granta démarre à 420 000
roubles, ce qui au cours actuel (79 roubles pour 1 euro) représente 5 300
euros.
Pour le moment, les clients
suivent puisque les volumes de la marque progressent en Russie avec 311 600
unités en 2017 (+17%) et 199 300 unités sur les 7 premiers mois de 2018 (+21%).
La marque a atteint à fin
juillet 20,1% de part de marché, soit déjà l’objectif moyen terme qui est de
tenir une part de marché "profitable" de 20% en Russie.
La Vesta est désormais la
meilleure vente de la marque (58 600 unités sur 7 mois 2018) et la deuxième du
marché à fin juillet devant la Granta (53 300 unités sur 7 mois 2018).
"La Vesta a été la
meilleure vente en Russie sur les deux derniers mois", a souligné Yves
Caracatzanis, nouveau président et CEO d’Avtovaz depuis juin dernier.
"Les clients achètent
des versions supérieures", a de son côté souligné le directeur financier
d’Avtovaz, Alexey Bobrov.
Le plan de redressement de la
marque a également visé l’amélioration de la qualité, la mise en place
progressive des standards de fabrication de l’Alliance et l’utilisation des
mêmes processus de validation.
Ainsi, l’usine de Togliatti
que nous avons visité, si elle compte encore un nombre d’opérateurs supérieur à
ce que l’on voit en Europe est en train de déployer un plan d’automatisation.
Le constructeur y déploie
également le "kitting", processus de fabrication qui consiste à
fournir aux opérateurs en bord de ligne pour chaque véhicule le kit des pièces
à monter.
La Russie, premier marché du groupe Renault en 2022
L’amélioration de la
rentabilité d’Avtovaz passera également par le développement des exportations
principalement dans la zone d’influence de la Russie.
Ainsi, le constructeur a
réactivé sa présence au Kazakhstan et en Biélorrussie.
Au total, la marque est
présente dans 34 pays et ses exportations ont représenté 20 000 unités au
premier semestre.
Le dispositif industriel
d’Avtovaz qui a été remanié depuis l’entrée à son capital de Renault reste
imposant avec une capacité de production de presque 1 million d’unités en 3
équipes (4 800h/an) avec trois lignes à Togliatti (780 000 unités/an) et 1 à
Izhevsk (190 000 unités/an).
A cela s’ajoute l’usine
Renault de Moscou dont la capacité est de 190 000 unités/an en 3 équipes.
Aujourd’hui, la Russie est le
deuxième marché du groupe Renault (448 000 unités en 2017 devant la France à
674 000) et devrait devenir son premier marché d’ici 2022 si la situation
évolue comme prévu.
Si le marché atteint 2,7
millions d’unités en 2022 (comme le prévoit le scénario optimiste du groupe) et
que les marques tiennent leur objectif de part de marché (30%, dont 10% pour
Renault et 20% pour Lada) alors le groupe Renault y atteindra 810 000
véhicules.
On comprend aisément qu’avec
de tels volumes et un appareil industriel qui sera l'un des plus compétitifs du
groupe, la rentabilité sera de haut niveau.
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