Les paiements des Canadiens sur leur
dette atteint un sommet critique.
Source : Éric
Desrosiers, Le Devoir
La hausse constante de
l’endettement des ménages depuis des années au Canada est allée de pair avec la
hausse des prix dans le marché immobilier, mais cela semble être en train de
changer.
Les Canadiens consacrent
une part de plus en plus importante de leurs revenus au seul paiement des
intérêts de leurs dettes.
Les paiements obligatoires de
capital et d’intérêt sur l’ensemble de leurs dettes ont accaparé en moyenne
14,5 % du revenu disponible (après impôt) des ménages canadiens au troisième
trimestre, a rapporté vendredi Statistique Canada.
Ce niveau est très proche de
celui qui avait été enregistré trois mois plus tôt (14,4 %), mais marque une
hausse plus sensible en un an, alors que ce ratio était de 14,1 %.
Il s’agit surtout du ratio le
plus élevé depuis le milieu de l’année 2008, à la veille de la Grande
Récession.
Environ la moitié de ces
paiements (7,2 %) est allée aux seuls intérêts de ces dettes hypothécaires ou
autres, en hausse marquée par rapport à la même période l’an dernier (6,5 %) et
la proportion la plus élevée en sept ans.
Cette augmentation du fardeau
de la dette des ménages se produit alors que leur niveau d’endettement est
remonté, au trimestre qui s’est terminé le 30 septembre, grosso modo à ce qu’il
était à la fin de l’année dernière, soit à 173,8 % de leur revenu annuel
disponible.
Autrement dit, pour chaque
dollar de revenu net gagné en une année, les Canadiens ont en moyenne 1,74 $ de
dettes, contractées au fil des ans lors de l’achat de leur maison, d’une
automobile, ou de n’importe quel bien de consommation.
174 %
174% représente le
pourcentage de la dette des ménages canadiens par rapport à leur niveau de revenu
annuel disponible.
La remontée du poids relatif
de la dette des ménages au dernier trimestre était inattendue, a observé
vendredi dans une brève analyse Priscilla Thiagamoorthy, économiste à la BMO.
« Mais contrairement aux
trimestres précédents, le coupable est un contexte de revenus plus faibles,
plutôt qu’un endettement plus élevé », a-t-elle remarqué.
« Avec des taux d’intérêt qui
continueront d’aller vers le haut, il faudra garder cela à l’œil. »
La hausse constante de
l’endettement des ménages depuis des années au Canada, qui est largement allée
de pair avec la hausse des prix dans le marché immobilier, est depuis longtemps
un sujet de préoccupation.
Plusieurs experts, notamment
à la Banque du Canada et au Fonds monétaire international, y voient l’une des
principales fragilités de l’économie canadienne, particulièrement en cas de
ralentissement.
« Le train de l’endettement
des ménages semble en voie de ralentir de façon contrôlée », s’est vendredi
félicité l’économiste à la Banque TD, Ksenia Bushmeneva.
« Cependant, l’augmentation
des taux d’intérêt et des hausses salariales plus lentes laissent un élément de
risque et ne manqueront pas aussi de peser sur la consommation. »
Attention aux taux d’intérêt
Il faudra d’autant plus se
méfier de l’impact de la hausse des taux d’intérêt qu’elle agit à retardement,
a expliqué son confrère du Mouvement Desjardins, Benoit P. Durocher.
L’économiste estime, en
effet, qu’en raison notamment des échéances de certaines hypothèques, le coût
des emprunts pour les ménages n’a augmenté en moyenne que de 0,49 point de
pourcentage depuis deux ans, alors que la Banque du Canada a déjà augmenté son
propre taux directeur de plus du double (1,25 point).
Dans un discours prononcé la
semaine dernière, le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, s’est
réjoui que l’effet conjugué du relèvement de ses taux d’intérêt et du
resserrement par les gouvernements des règles hypothécaires et de l’accès aux
investisseurs étrangers aux villes de Vancouver et Toronto ait contribué à
faire ralentir la croissance des prix des logements et de l’endettement des
ménages.
« Cependant, l’encours de la
dette des ménages restera élevé pendant des années », a-t-il rappelé.
Aussi, la Banque du Canada
avancera-t-elle avec prudence, a-t-il promis, dans sa marche qui doit amener
son taux directeur, actuellement à 1,75 %, à un taux dont l’effet serait plus
neutre sur l’économie et qu’elle établit entre 2,5 % et 3,5 %.
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