mercredi 24 octobre 2018

Pourquoi le gouvernement Canadien a effacé un prêt de plus de 2 milliards de dollars a Chrysler?


Pourquoi le gouvernement Canadien a effacé un prêt de plus de 2 milliards de dollars a Chrysler?


Source : Gérald Fillion, Radio-Canada

Il y a près de 10 ans, les gouvernements des États-Unis, du Canada et de l'Ontario venaient à la rescousse de GM et de Chrysler, en pleine crise financière, une aide de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour éviter la perte de centaines de milliers d'emplois.

Aujourd'hui, le gouvernement du Canada efface, en catimini, une créance de 2,6 milliards de dollars, de l'argent que Chrysler n'a finalement jamais remboursé au Trésor public.

Les gouvernements du Canada et de l’Ontario ont injecté environ 3 milliards de dollars canadiens dans les activités de Chrysler et près de 11 milliards dans GM.
Ces sommes s’ajoutaient aux investissements américains dépassant les 50 milliards de dollars.
Les gouvernements ont aussi acheté des actions de GM, des actions qui ont été vendues depuis.
Les deux entreprises ont également remboursé certaines sommes.
Mais le gouvernement du Canada a prêté 1,25 milliard de dollars à Chrysler en pleine tempête, alors que l’entreprise tentait de survivre.
Chrysler a finalement déclaré faillite à la fin avril 2009, avant de renaître sous un nouveau nom dans une entente conclue avec l’italienne Fiat.
Le prêt n’a jamais été remboursé, les intérêts se sont accumulés pour atteindre un total de 2,6 milliards de dollars dans les livres du fédéral.
Sans le dire à personne, Ottawa a décidé, dans ses comptes publics de 2018, publiés vendredi dernier, de rayer, d’effacer, de radier le montant que Chrysler lui devait.
Comment en sommes-nous arrivés là?
La réponse est dans le rapport du vérificateur général de l’automne 2014. « Selon une des conditions initiales de l'aide financière fédérale, est-il écrit dans le rapport, chaque société devait produire un plan de restructuration acceptable.
Or, nous avons constaté qu'Industrie Canada n'avait pas demandé à Chrysler ni à GM de lui fournir des plans définitifs de restructuration de leurs activités au Canada. »
Autrement dit, le gouvernement du Canada ne s’est pas assuré de faire un suivi serré de son soutien à Chrysler.
Aujourd’hui, Ottawa affirme que ces sommes sont irrécupérables alors que le gouvernement dit avoir tout fait pour tenter de mettre la main sur cet argent.
La vieille Chrysler a fait faillite et la nouvelle entité, qui fait des milliards de dollars de profits par année, n’est pas tenue de rembourser ces sommes.
On pourrait jouer le même film prochainement parce qu’un prêt à GM de plus d’un milliard de dollars est toujours en souffrance.
Ce prêt a été réalisé le 29 avril 2009 et n’a pas été remboursé, bien que l’entreprise se soit entièrement restructurée.
En 2008, les crises se multiplient : crise hypothécaire, crise financière, crise du monde bancaire.
Dans le secteur de l’automobile, les marchés chutent, les pertes d’emplois se comptent en millions. Le gouvernement Bush, puis celui de Barack Obama ainsi que la Réserve fédérale vont injecter des milliers de milliards de dollars dans l’économie pour tenter de colmater les brèches, freiner la chute et relancer l’économie.
C’est dans ce contexte, sans précédent depuis la crise des années 30, que les gouvernements interviennent pour sauver de la noyade les fabricants d’autos et leurs millions d’employés et de retraités.
Les gouvernements du Canada et de l’Ontario, sous la pression des États-Unis, acceptent de venir en aide à GM et à Chrysler.
L’intervention doit se faire rapidement, ce que font les autorités au Canada. En même temps, les grands de l’automobile sont en demande, ils réclament cet argent, ils ont besoin de ces capitaux.
Si l'on peut imaginer que les choses se sont déroulées à toute vitesse, des questions légitimes et essentielles se posent sur ce qui s'est passé.
Il y a là un manque de transparence, comme le soulignait le vérificateur général en 2014, un véritable problème de reddition de compte.
« Le ministère disposait aussi d’analyses limitées, écrit le vérificateur, sur la façon dont les mesures de restructuration devaient améliorer la situation financière des filiales canadiennes, sur les concessions faites par les parties prenantes et sur la façon dont les sociétés comptaient rembourser les prêts. »
Le vérificateur affirme qu’Industrie Canada « n’a pas demandé aux sociétés de soumettre des rapports portant expressément sur leur utilisation des fonds » et que le ministère « possédait peu d’informations sur l’utilisation réelle d’un prêt de 2,8 milliards de dollars accordé par le gouvernement à GM Canada ».
Il écrit que, « faute d’informations détaillées sur l’utilisation des fonds, Industrie Canada ne sait pas dans quelle mesure l’aide financière fédérale a contribué à la vitalité de Chrysler Canada et de GM Canada ».
Le résultat aujourd'hui apparaît au grand jour : si les gouvernements du Canada et de l'Ontario ont permis le maintien d'une forte industrie de l'automobile au pays, ce qui était l'objectif premier, l'opération a tout de même coûté cher aux contribuables canadiens.
La moindre des choses serait de le leur dire clairement.


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