L'Union Européenne et les États-Unis officiellement en
guerre commerciale
Source : CLÉMENT ZAMPA, Agence
France-Presse
La guerre commerciale est officiellement
déclarée entre les États-Unis et l'Union européenne, après l'entrée en vigueur
de droits de douane additionnels en Europe sur des dizaines de produits
américains, comme les jeans, le bourbon ou les motos.
Ces nouvelles taxes,
officiellement imposées depuis vendredi 0H00 heure de Bruxelles (jeudi 18H00,
heure de l'est), se veulent la réponse des Européens aux taxes de 25% sur
l'acier et de 10% sur l'aluminium imposées par les États-Unis à la plupart des
pays du monde, dont certains de ses alliés.
En réponse à ces nouvelles
mesures, Donald Trump a menacé vendredi d'imposer une taxe douanière de 20% sur
les voitures importées aux États-Unis de l'Union européenne, après l'entrée en
vigueur de droits de douane additionnels en Europe sur des dizaines de produits
américains.
« Si les taxes douanières
imposées depuis longtemps aux États-Unis et à ses entreprises et ses
travailleurs par l'Union européenne (...) ne sont pas levées rapidement, nous
imposerons des taxes de 20% sur toutes les voitures arrivant aux États-Unis »,
a tweeté le président américain. « Construisez-les ici! », a-t-il ajouté.
Ses propos ont fait chuter de
plus de 3 % la valeur du titre de Fiat Chrysler à la Bourse de Milan.
Donald Trump a déjà évoqué à
de nombreuses reprises la possibilité d'imposer des taxes pour protéger
l'industrie automobile américaine qui viserait notamment l'Allemagne.
Le magnat de l'immobilier
déplore régulièrement de voir beaucoup de Mercedes dans les rues de New York,
mais pas assez de voitures américaines dans les rues européennes.
« Violation des règles du
commerce international »
« La décision unilatérale et
injustifiée des États-Unis » d'imposer ces droits de douane « ne nous laisse
pas d'autre choix », a insisté cette semaine la commissaire européenne au
Commerce Cecilia Malmström.
« Les règles du commerce
international ne peuvent être violées sans réaction de notre part », a ajouté
Mme Malmström, précisant que «si les États-Unis supprimaient leurs tarifs
douaniers », les mesures européennes seraient «également supprimées ».
Avant l'UE, le Mexique,
également concerné, avait déjà mis en place début juin des mesures de rétorsion
contre Washington, tandis que le Canada compte le faire début juillet.
Les Européens sont par
ailleurs pris dans le feu croisé entre la Chine et les États-Unis, également
engagés dans une surenchère de mesures protectionnistes et de menaces de
rétorsion.
« M. Trump a ouvert deux
fronts (commerciaux) et les deux pourraient connaître une escalade échappant à
tout contrôle », a dit à l'AFP l'expert John Ferguson (Economist Intelligence
Unit).
L'Allemagne, grande
exportatrice, voit déjà ses prévisions de croissance se tasser, pour cause de
climat des affaires en berne au niveau mondial, alors même que ses exportations
ne sont que marginalement touchées jusqu'ici par des mesures américaines.
Il en ira tout autrement si
Donald Trump mettait à exécution une autre menace, celle de taxer directement
les voitures importées aux États-Unis -ce qui porterait tout particulièrement
préjudice aux constructeurs japonais et allemands.
« Portée symbolique »
Les taxes imposées par l'UE
s'appliquent sur une liste de biens fabriqués aux États-Unis, comme des
produits agricoles (riz, maïs, tabac...), en acier, ainsi que des véhicules
(motos, bateaux...) ou du textile.
« Si nous avons choisi des
produits comme les Harley-Davidson, le beurre de cacahuète, le bourbon, c'est
parce qu'il y a des alternatives sur le marché (européen). Nous ne voulons rien
faire qui puisse nuire aux consommateurs », a expliqué jeudi le vice-président
de la Commission européenne Jyrki Katainen.
« De plus, ces produits
auront politiquement une forte portée symbolique », a-t-il argué.
Les Européens ont longtemps
espéré échapper aux taxes punitives annoncées en mars par Donald Trump. Mais
après deux exemptions temporaires et des tentatives de discussions commerciales
avec Washington, l'UE a finalement vu ces taxes s'appliquer le 1er juin.
Dans la foulée, les Européens
ont déposé une plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ils
comptent aussi instaurer des mesures dites « de sauvegarde » pour protéger leur
marché de l'acier et de l'aluminium étrangers qui ne trouveraient plus de
débouchés aux États-Unis.
Les mesures de rétorsion
appliquées depuis vendredi sur les produits américains correspondent, en
valeur, aux dommages causés par la décision américaine sur les exportations
européennes d'acier et d'aluminium vers les États-Unis, soit un total de 6,4
milliards d'euros en 2017.
L'UE exercera d'abord ses
droits sur les biens américains à hauteur de 2,8 milliards d'euros.
Le rééquilibrage sur les 3,6
milliards d'euros restants aura lieu soit dans trois ans, soit après une
éventuelle victoire des Européens dans leur recours devant l'OMC.
Les relations
transatlantiques battent de l'aile depuis l'élection de Donald Trump en raison
de mésententes sur de nombreux sujets, comme l'accord de Paris sur le climat,
le déménagement de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem ou encore l'accord
sur le nucléaire iranien.
Et elles se sont
particulièrement tendues après un récent sommet du G7 tumultueux, le président
américain rejetant brusquement la déclaration commune péniblement négociée, qui
condamnait le « protectionnisme ».
Le récent Tweet du président
Trump ne laisse d’ailleurs aucune place à l’incertitude;
Based on the Tariffs and Trade
Barriers long placed on the U.S. and it great companies and workers by the
European Union, if these Tariffs and Barriers are not soon broken down and
removed, we will be placing a 20% Tariff on all of their cars coming into the
U.S. Build them here!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 22 juin 2018
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