lundi 31 juillet 2017

Les résultats financiers de Renault souffrent de la comparaison avec ceux de PSA




Source: Florence Lagarde, AutoActu.com

Les résultats financiers de Renault souffrent de la comparaison avec ceux de PSA


Avec une marge opérationnelle à 7% au premier semestre, le groupe PSA vole la vedette à Renault qui atteint pourtant lui aussi un haut niveau de rentabilité à 6,2%. A ce stade, le groupe PSA semble mieux réussir que Renault la transformation en rentabilité de ses nouveaux produits.
Annoncés à deux jours d’intervalle les résultats financiers du premier semestre de PSA et de Renault contrastent avec leurs performances commerciales. Ainsi alors que les volumes ne sont pas au rendez-vous pour PSA, sa marge opérationnelle atteint à 7% un record qui en fait une référence dans l’industrie automobile. Ceux de Renault, bien qu’ils soient les meilleurs de son histoire sont moins bons à 6,2% et ce malgré une croissance inédite de ses volumes.
Cet écart de performance entre les deux constructeurs n’avait pas été anticipé correctement par le marché et ces résultats ont donc d’un côté surpris positivement pour PSA et déçu pour Renault. En conséquence l’action de PSA a augmenté après l’annonce de ses résultats financiers (et le jour même "vers 10h40, l'action PSA prend 5,61% à 19,1 euros, signant la plus forte hausse de l'indice CAC 40 qui gagne à la même heure 0,65%", rapporte Reuters), tandis qu’ils ont eu l’effet inverse pour Renault dont l’action a baissé (avec le vendredi jour de la publication des résultats "le titre recule de -6,34% à 75,9 euros à 09h30, accusant ainsi la plus forte baisse de l'indice CAC 40 (-1,23%)", rapporte Reuters).
Un écart encore plus net sur l'activité automobile
Pour autant ces résultats remettent les deux constructeurs français dans la course par rapport à leurs compétiteurs européens et notamment le groupe Volkswagen qui affiche pour ce premier semestre 2017 une marge opérationnelle de 7,7%, moyenne qui intègre le haut niveau de rentabilité de Porsche (19%) et d'Audi (8,9%) alors que la marque Volkswagen est à 4,5%.
Longtemps marginalisés, l’un comme l’autre, par leurs difficultés à dégager des résultats récurrents, les deux constructeurs français ont réussi à construire des bases solides et pérennes et à atteindre le niveau de rentabilité indispensable pour engager les investissements nécessaires face aux exigences règlementaires et pour tenir leur rang sur un secteur en pleine mutation.
Si l’on ne retient que la partie automobile, l’écart entre PSA et Renault est encore plus important : la marge opérationnelle de PSA est encore meilleure à 7,3% (puisque celle de Faurecia à 5,7% fait baisser la moyenne) ; c’est l’inverse pour Renault dont la marge opérationnelle sans la contribution de RCI Banque descend à 4,8% (hors Avtovaz) et même 4,6% en incluant  Avtovaz tout juste au point mort (3 millions d’euros de marge opérationnelle sur le semestre).
Une composition de chiffre d'affaires différente
Si l’on essaie de comprendre la différence de performance avec les éléments qui nous sont communiqués, une première réponse vient déjà de leur point de départ sur le premier semestre 2016 : la marge opérationnelle de PSA était déjà à 6,8% pour la division automobile, tandis que Renault (hors RCI Banque) était à 4,7% (hors Avtovaz).
Cependant l'écart de performance s'est accru ce semestre puisque l'amélioration de la marge opérationnelle automobile est de 0,5 point pour PSA, tandis qu’elle est de seulement 0,1 point pour Renault (hors Avtovaz).
Pourtant la croissance du chiffre d’affaires automobile de Renault est de presque 3 milliards d’euros (2,9 milliards) soit 4 fois plus importante que celle de PSA qui est d’environ 700 millions (697 millions exactement).
L’une des raisons vient de la nature du chiffre d’affaires de Renault qui progresse en partie grâce aux ventes à ses partenaires (608 millions) dont la rentabilité est nettement inférieure à celle de sa propre production. En clair, fabriquer des Micra à Flins pour compte, ce n’est pas la même chose que de fabriquer des Clio pour soi-même. Il y a quand même chez Renault 1 milliard d'euros de plus (1 046 millions précisément) lié à la hausse de ses volumes.
Coté PSA, la hausse du chiffre d’affaires vient intégralement de l’amélioration du mix produit suite au lancement de ses nouveautés (940 millions d'euros). Il y a déjà là une différence importante avec une hausse de chiffre d'affaires générée uniquement par une meilleure valorisation du produit chez PSA.
Une meilleure rentabilité des nouveautés chez PSA
Si l’on compare le détail de la croissance de la marge opérationnelle des deux groupes, on constate que la croissance des volumes de Renault a généré peu de marge (346 millions d’euros lié au volume y compris pour les ventes partenaires alors que le groupe a vendu 177 000 voitures de plus). PSA, dont les volumes sont en baisse (hors Iran), présente pourtant une contribution positive de la "demande du marché" (178 millions d’euros) qui a été supérieure à la perte liée à la "part de marché/mix pays" (92 millions d’euros), ce qui laisse un effet volume positif de 86 millions d’euros.
C’est surtout le "mix produit/prix/enrichissement" qui fait la différence puisque PSA en annonce un gain de 497 millions d’euros (soit 2,5 point de marge opérationnelle) alors que chez Renault le "mix/enrichissement net" est négatif de 180 millions d’euros (soit -0,7 point de marge) lié, explique Renault, aux surcoût des normes d'émissions et une pression sur les prix.
En valeur, la marge opérationnelle de l’activité automobile de PSA à 1,44 milliard d’euros est même supérieure à celle de Renault (sans RCI Banque) à 1,29 milliard d’euros. On voit là que le "pricing power" prôné par Carlos Tavares depuis son arrivée chez PSA a permis au constructeur de redresser sa rentabilité dans des proportions que l'on ne constate pas chez Renault. Les deux constructeurs donnent une illustration assez saisissante de leurs choix opposés dans l'arbitrage volume/marge unitraire. Sur le premier semestre la marge moyenne dégagée par PSA est de 1 051€/véhicule (sur 1,37 million de véhicules hors Iran), elle n'est que de 747€/véhicule pour Renault (sur 1,73 million de véhicules, hors Avtovaz).

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